Ergonomie et psychologie du travail

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De l’intérêt de la double compétence

Nombre d’ergonomes ont réalisé un parcours en psychologie du travail avant d’aboutir à un Master en ergonomie. Ils sont alors détenteurs à la fois du titre de psychologue du travail et de celui d’ergonome.

Dans l’exercice de la profession de consultant, quelle est la plus-value réelle de cette double compétence ?  Dans quelle mesure représente-t-elle un atout supplémentaire dans le cadre d’une analyse de la situation de travail ou d’un maintien dans l’emploi ?

Psychologie du travail et démarches de maintien dans l’emploi

Par son profil et sa formation, le psychologue du travail peut avoir davantage de facilités à instaurer une relation de confiance avec le salarié et à établir un dialogue avec ce dernier. Il est outillé et formé aux techniques d’entretiens ; il est en capacité de « capter » le non-verbal, de décrypter le non-dit et d’identifier les processus psychologiques de la personne. Cette compétence est essentielle lorsqu’est en jeu la question de l’emploi, du maintien dans l’emploi et de la santé.

Le collaborateur est pris en compte dans sa dimension humaine et non pas comme un « exécutant du travail » : quels sont ses sources motivationnelles ? quels sont ses facteurs de protection ? ses facteurs de risques psychosociaux ? ses modes d’apprentissage ? son degré d’acceptation de ses capacités et incapacités notamment lorsque l’on parle de personnes en situation de handicap ou dont l’état de santé s’est dégradé ? 

« Cette investigation est au coeur de nos interventions lorsque nos consultants réalisent un bilan professionnel, une démarche de remobilisation ou de coaching d’un salarié en risque de désinsertion . Toutes ces questions sont passées au crible. » explique Valérie Tran.

Ensuite, fort de ses compétences de psychologue, le consultant peut proposer notamment d’accompagner les salariés dans leur retour à l’emploi ou dans la construction d’un nouveau projet professionnel. Il s’agit souvent de personnes ne pouvant plus exercer leur métier antérieur pour des raisons de santé et qui doivent de fait reconsidérer leur trajectoire professionnelle. Le consultant s’entretient alors avec le salarié en individuel au cours d’un bilan. Il est habilité à faire passer différents tests (de personnalité au travail, d’intérêts professionnels etc.) ainsi qu’à échanger ensuite avec la personne sur l’interprétation des résultats obtenus. L’objectif étant d’aider la personne à s’orienter vers des projets professionnels réalistes ainsi qu’à se reconvertir en trouvant les meilleurs compromis entre ses capacités physiques, professionnelles, ses appétences et les possibilités du marché de l’emploi (interne ou externe à l’entreprise initiale).

L’approche psychologique pour aller au-delà de l’analyse technique des conditions de travail

Pouvoir lier les problématiques d’aménagements ergonomiques d’un poste de travail aux aspects humains et psychologiques offre un cadre global d’analyse.

On ne s’interroge plus sur la simple question normative et ce qu’elle implique en termes de besoins d’aménagements techniques du poste, on interroge le système organisationnel et humain dans son entièreté : pourquoi le salarié réalise-t-il cette tâche de telle façon ? Pourquoi cette manière de travailler est-elle dysfonctionnelle ? Pour quelle(s) raison(s) les équipements/les aménagements techniques apportés ne suffisent-ils pas à ce que cette activité soit réalisée avec efficacité ? etc. Autant d’aspects représentant les clés de voûte de la santé des salariés et donc par la même de la santé et de la performance de l’organisation.

Dans le cadre d’une démarche d’amélioration des conditions de travail, il est primordial de dépasser la simple application des normes et des principes en ergonomie et de se dégager d’une vision réductrice : celle de la prévention des risques sous l’angle presqu’exclusivement physique. « Limiter une démarche de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) aux seuls facteurs biomécaniques est une erreur. Nos démarches de diagnostics TMS le montrent bien » ajoute Valérie Tran.

En effet, la prévention de la santé physique, bien que fondamentale, ne peut se suffire à elle-même. Un ensemble de facteurs à la fois relatifs aux dimensions psychologiques et physiques sous-tendent le bon fonctionnement de l’individu et de l’organisation. C’est par cette prise en compte plurielle que l’entreprise peut garantir une efficacité ou plutôt une performance optimale et pérenne. Ainsi, le fait pour le consultant d’avoir une double vision en ergonomie et en psychologie du travail prend tout son sens et apparait comme à un atout majeur à l’analyse et à la compréhension des problématiques professionnelles.