Handicap psychique : et si on parlait du Centre Etre

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Depuis 15 ans, le centre Etre accueille en stage des personnes atteintes d’un handicap psychique.

Entretien avec Emmanuel Perret, directeur du groupe Etre, Magazine, Club et Centre et Pierre Marie Houdry, psychologue clinicien et responsable du Centre.

Quand et pourquoi le centre a-t-il été créé ?

EP : Le centre a vu le jour en 2000. Il a été créé par Anne Voileau, à l’origine du club Etre et du magazine Etre Handicap Information que je dirige actuellement. À cette époque, le handicap psychique suscitait déjà, de la part des entreprises, un mélange d’intérêt et d’inquiétude.

C’était et c’est encore d’ailleurs le cas aujourd’hui… Avec le Centre, l’objectif était d’apporter « notre pierre à l’édifice » sur cette question difficile. L’intérêt de cette initiative était d’ailleurs reconnu puisque depuis sa création, le Centre recevait une subvention de la part de l’Agefiph, subvention qui ne nous est désormais plus accordée. Mais malgré cette nouvelle donne qui risque à terme de poser la question de la viabilité économique du Centre, celui-ci a, depuis 15 ans qu’il existe, largement fait preuve de son utilité.

Comment fonctionne le Centre ?

PMH : Le Centre, communément appelé centre de formation est en réalité et avant tout un centre d’évaluation au travail et de remobilisation professionnelle. Il s’adresse à des personnes en transition qui peuvent être en fin de parcours de soin sans emploi ou bien en emploi avec une pathologie générant un risque de désinsertion.

Le Centre offre à ces publics un stage de 6 semaines, à raison de 4 heures par jour en immersion professionnelle. Durant le stage, les personnes se forment à la maîtrise d’Excel et de Word. Mais c’est loin d’être le seul objectif. Le stage se déroule dans les locaux du magazine. Les personnes évoluent ainsi dans un cadre professionnel avec des horaires, des collègues, dans une ambiance d’entreprise qui permet aux stagiaires d’évaluer et d’expérimenter leur rapport au travail.

Comment se déroule ce stage de six semaines ?

PMH : Avant tout, je reçois les personnes pour leur expliquer notre fonctionnement et voir avec elles si elles se sentent prêtes à s’engager. Nous ne prenons pas en considération le niveau de compétence informatique. Ce qui prime, c’est la capacité et la volonté de la personne à s’investir pleinement. La formation est délivrée par des formateurs qui, au-delà de leur maîtrise de l’outil informatique savent s’adapter aux stagiaires et tenir compte de leurs spécificités.

Enfin, un moment important est celui du bilan : nous nous rencontrons, le stagiaire, son référent et moi. Nous faisons le point avec lui sur sa montée en compétence, son rapport au travail, aux horaires, ainsi qu’au cadre professionnel. Le stagiaire est ainsi amené à s’auto-évaluer. Ensuite, nous évoquons les points forts de la personne, ses perspectives. Nous essayons ensemble de construire l’avenir.

Quel bilan tirez-vous de cette expérience et quels sont les retours qui vous sont faits ?

EP : Tout le monde s’accorde à reconnaitre l’intérêt d’une immersion en situation de travail « ordinaire ». Le centre est une étape qui permet aux référents et aux stagiaires d’affiner leur dialogue et de se projeter plus efficacement dans l’avenir.

Un autre intérêt du centre est d’être à la croisée des chemins, notamment grâce aux relations que nous entretenons avec les entreprises au travers du magazine et du club Etre. Nous demandons à des entreprises d’intervenir auprès des stagiaires. Ils se rencontrent et échangent sur le handicap psychique et ses liens avec le milieu du travail. Ce positionnement nous permet d’ouvrir des portes ou en tout cas de créer des contacts entre les personnes et les entreprises. C’est essentiel.